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Road trip vers le salar d'Uyuni


A peine après avoir passé la frontière, on se rend très vite compte qu’on est en Bolivie. Eh oui, l’image de la femme petite, un peu boulotte, avec deux grandes tresses surmontées d’un chapeau, une jupe plissée et une couverture en guise de sac à dos n’est pas un mythe…les cholitas, on en voit par dizaines pour notre plus grand plaisir !

Notre périple bolivien démarre dans la ville de Villazon, qui comme beaucoup de ville frontalière n’est pas des plus canons. Pas très grave puisqu’on prend un bus direct qui nous emmène à Tupiza, à 100km d’ici. Ce n’est pas non plus pour sa beauté que nous avons choisi d’y passer notre première nuit bolivienne, mais bien parce que d’ici, nous pouvons organiser un road-trip dans le sud-Lipez et la région d’Uyuni et son célèbre salar que nous attendons avec impatience.

Notre première journée consiste donc à faire le tour de la ville, et benchmarker les quelques agences qui s’y trouvent. Une fois le tour booké, on flâne un peu dans les rues, et on retrouve avec plaisir ce qui nous avait tant plu en Asie, les déjeuners au marché (et à 1€) ! On partage d’ailleurs notre repas avec deux vieilles boliviennes qui tentent de nous apprendre le Quechua, ce qu’on comprend au bout de 15min... mais on rigole bien.

Le grand jour est arrivé, réveil aux aurores pour découvrir notre équipage. Nos compagnons de route pour les quatre prochains jours seront :

  • Sevda, avec qui nous sommes restés depuis le bus Salta-Tupiza et qui voyage longtemps aussi,

  • Mauricio, un colombien qui vient de lâcher son boulot à la télévision pour devenir prof de yoga,

  • Felipe, notre chauffeur, originaire d’un petit village Quechua des montagnes du Sud-Lipez

  • Braulio, notre cuisto, un peu timide au début, hyper généreux et cuisinier hors-pair

Une fois les présentations faites et les sacs packés sur le toit, nous pouvons y aller ! Le premier jour, nous parcourrons environ 350km en 9h de temps. Ah oui, la route est en fait plutôt une piste plus ou moins trouée, toujours très poussiéreuse et surtout remplie de paysages plus fous les uns que les autres ! Ça démarre dès les premiers kilomètres avec le Sillar, canyon dont la roche a été découpée par le vent créant des formes pointues vertigineuses. On retrouve certains paysages du nord de l’Argentine qu’on avait rencontrés quelques jours plus tôt, mais en mille fois plus étendu.

Lorsqu’au bout de 30min, on croise les premiers lamas, on demande à s’arrêter tout excités, et on ne comprend pas tout de suite le commentaire de Felipe : « ne vous inquiétez pas, des lamas, on va en croiser tous les jours, à peu près tout le temps » Oui mais nous on n’en a jamais vu alors même dans un enclos, on veut les voir de plus près. En revoyant les photos après 4 jours, on s’est effectivement dit qu’on aurait pu zapper ce premier arrêt.

Nous croisons quelques villages sur la route, on a souvent l’impression qu’ils sont inhabités mais Felipe nous explique que les gens sont tous dans les champs à s’occuper des lamas ou à cultiver les plantations locales. On se délecte du premier repas préparé par Braulio, et on se dit qu’on ne va pas mourir de faim les prochains jours, en plus de se régaler !

On découvre également les ruines de San Antonio de Lipez, petit village peuplé par les espagnols qui exploitaient les mines alentours (or, argent…) et qui s’est éteint doucement suite à une épidémie (on n’a pas vraiment compris de quoi, notre espagnol n’était pas en phase avec celui du papi qui nous a fait la visite…) Quoi qu’il en soit, la plupart des structures des bâtiments étant conservée, on arrive bien à s’imaginer la vie de ce village 200 ans plus tard.

Les dernières heures sont un peu plus délicates et le trajet se transforme petit à petit en calvaire pour chacun de nous 2. Nous n’avons pas réussi à déterminer si cela était dû à la playlist boliviano-péruvienne de notre duo de choc Felipe-Braulio ou à l’altitude. C’est lorsqu’on sort de la voiture à 4855m qu’on se dit qu’il y a peut-être un peu de ça. Mais une fois arrivés au chaud et après un peu de calme, notre corps reprend vie et on repart comme en 40 (c’était donc sans doute la musique…)

Le deuxième jour va de surprise en surprise. Le paysage qui s’offre à nous change toutes les vingt minutes et on est à chaque fois un peu plus impressionnés. On démarre la journée avec la laguna Kollipa, dans laquelle pataugent tranquillement quelques flamands roses, entre deux reflets des montagnes enneigées qui marquent la frontière avec le Chili. On s’arrête aussi dans une ferme de lamas, où on se régale en photos tellement ils nous font marrer. Après ces premières heures, rien de mieux qu’une petite pause baignade dans les agua calientes, sources d’eau chaude naturelles en plein milieu de nulle part. On passe un bon moment dans l’eau à 35°, une fois qu’on est rentrés, on n’a plus vraiment envie de sortir car dehors, la température tourne plutôt autour des 10°. Comme diraient certains, on est mieux là qu’en prison !

Nous poursuivons un peu notre chemin pour découvrir le spot déjeuner. Attention les yeux, la laguna verde au pied du volcan Licancabur nous laisse sans voix. Sa couleur change en fonction de l’intensité du soleil, et on est tous seuls pour admirer ça, c’est magnifique. On passe également par un désert, où il n’y a … rien (normal c’est un désert), mis à part une palette de couleurs ahurissante, avec les montagnes en arrière-plan et le ciel bleu avec juste quelques nuages qui vont bien. Prochaine étape, les geysers Quetena Grande. Dis comme ça, ça nous fait pas peur, mais quand 3 minutes avant d’arriver, Felipe nous dit qu’on est à 5200m, on accepte volontiers les feuilles de coca proposées par Mauricio. Nouvelle expérience, pas très bon mais au moins on évite le mal de tête cette fois-ci (on a négocié pour mettre notre musique aujourd’hui).

On finit la journée en beauté par la laguna colorado et ses milliers de flamands roses (je n’exagère pas, il parait même qu’il y en a plus de 4000 !) Cette fois-ci, c’est un lac orange-rouge qui s’offre à nous, étincelant avec la lumière du soleil presque couchant. Malheureusement, les flamands roses sont un peu farouches et ne nous autorisent pas à les approcher de près. Moins sympas que les lamas !

En se baladant dans le village où l’on dort le soir, Youen découvre une carcasse d’avion. Lorsqu’on pose la question à Felipe, celui-ci nous raconte à voix basse et à la lumière de la bougie (coupure d’électricité oblige, même si ça rajoutait une part de mystère à l’histoire) qu’il s’agit en fait d’un avion de narcotrafiquant qui s’est crashé en 91. En effet, le village et toute la zone jusqu’à Uyuni seraient une importe zone de trafic de drogue, bien que le tourisme ait un peu atténué les échanges. Et ce n’est que maintenant qu’il nous le dit...

Nous poursuivons notre chemin en direction d’Uyuni qui était quand même l’objectif du tour (on l’aurait presque oublié tellement on voit de belles choses). Les gros spots de ce 3ème jour sont les formations rocheuses originales comme la Copa del Mundo ou le camellio, ainsi que la cité italia perdida – la légende raconte qu’un italien se serait perdu dans les montagnes et qu’on l’aurait retrouvé à cet endroit. Plus tard, on abandonne le 4x4 pour marcher un peu jusqu’à la laguna negra qui est un véritable miroir dans lequel se reflètent les roches rouges qui le surplombe, entouré par des champs verts fluo où pâturent tranquillement ânes et lamas. On arrive en milieu d’après-midi dans notre hôtel pour la nuit, mais pas n’importe quel hôtel : proximité du salar aidant, nous dormirons dans un hôtel de sel ! Tout est fait en sel et Laura est obligée de retenir Youen de ne pas lécher les murs. On passe une super dernière soirée avec notre petite équipe, avec dégustation d’un vin bolivien et bières artisanales à la coca et à la quinoa dont nous avons d’ailleurs découvert comment elle était cultivée.

Oui, bon c’est sympa tout ça mais au final le Salar d’Uyuni c’était comment ?? Alors, en quelques mots, voilà comment nous pouvons vous le décrire : BLANC, SALÉ (ah ouais ?), IMMENSE, MAGIQUE, WAHOUUUU, FOTOS LOCAS… les superlatifs manqueraient pour décrire ce que nous avons ressenti ce matin-là. Ça a démarré avec le lever de soleil depuis l’île Incahuasi qui trône au milieu du salar et qui est recouverte de cactus. Il fait froid, mais le spectacle vaut le coup, on découvre petit à petit l’étendue du salar, et on a parfois du mal à faire la différence entre le ciel et le sol. Après l’avoir vu de haut, on y va pour de bon, et là, on a l’impression de voler, d’avoir cette immensité pour nous tout seuls, c’est vraiment magique. D’une superficie de 12000km² et situé à 3650m d’altitude, il est le plus grand désert de sel du monde. Plusieurs couches de sel différentes sont accumulées sur une profondeur de 40m environ, ce qui fait un paquet de kilos de sel, avis aux amateurs (on a gouté pour vous) !

On passe un bon moment sur le salar, on en profite pour faire plein de photos rigolotes, on se fait même interviewer pour un reportage sur la région, à suivre. On profite surtout de ce que l’on a sous nos pieds. On apprend en effet que le gouvernement bolivien vient d’autoriser une étude japonaise consistant à forer le sous-sol du salar qui contient une quantité astronomique de lithium… Sad.

On a du mal à quitter cet endroit fascinant, mais le trip touche à sa fin, et nous nous dirigeons tranquillement vers la ville d’Uyuni que l’on ne vous recommande surtout pas sauf peut-être pour son cimetière de trains qui vaut le coup d’œil.

Vous l’aurez sans doute compris à la lecture de cet article, on vient de passer 4 jours fantastiques que l’on n’est pas près d’oublier… Bien acclimatés à l’altitude, nous pouvons désormais poursuivre notre route sur les hauts plateaux boliviens. On va peut-être acheter des feuilles de coca au cas où quand même !

Photos : ICI

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